Les derniers trois mois ici chez Parelli ont passé très vite et mon entraînement au ranch s'est terminé vendredi. Ayant passé quelques jours à me reposer et à réfléchir à mon séjour et à mes réussites, j'ai pensé qu'il était temps de partager les montagnes russes qui ont jalonné mon cheminement vers le statut d'instructeur Parelli 3 Étoiles.
J'ai commencé à étudier Parelli il y a 11 ans, en 1999, à la recherche d'un moyen de réussir à convaincre mon sauteur TB à charger dans une remorque. À mes débuts, nous avions une ou deux cliniques de 2 jours par années, pas de DVD, pas de Savvy Club, et seulement le livre Natural Horsemanship de Pat comme outil de référence. C'était dur d'apprendre, et nous étions livrés à nous-même. C'est seulement deux ans plus tard, lorsque j'ai réussi mon Niveau 1, que le premier coffret Niveau 1 était publié. Je l'ai acheté, ainsi que le coffret Niveau 2, et j'ai mis un autre deux ans à terminer le Niveau 2. Jusqu'au milieu du Niveau 2, je n'avais aucune intention de devenir Instructeur Parelli, je cherchais simplement à améliorer ma relation avec ma jument et à obtenir de meilleurs résultats. Jusqu'au jour où j'ai réalisé que je n'étais plus motivée par ma carrière en informatique et que j'ai commencé à songer à devenir autonome. Je devais choisir un métier passionnant, et pour moi, c'était les chevaux et Parelli.
J'ai ensuite réalisé qu'à 41 ans, ayant déjà travaillé 3 ans pour terminer les deux premiers niveaux, que mon rêve allait prendre beaucoup trop de temps à moins de modifier drastiquement mon style de vie et de faire beaucoup plus de place à l'étude du horsemanship. J'ai donc décidé de quitter ma carrière en tant que conseillère senior en systèmes d'entreprise et j'ai commencé à oeuvrer à plein temps pour réaliser mon rêve.
J'ai fait mon premier voyage au ranch Parelli de Floride en 2003, pour participer à l'école de 10 semaines, qui serait aujourd'hui l'équivalent du cours Fast Track, en plus long. C'était un programme intensif, plus exigeant que tous les stages auxquels j'avais déjà participé, et il fallait être en forme mentalement, émotionnellement et physiquement. J'étais résolue à réussir, et à la fin de mon stage, Pat m'a octroyé ma cordelette verte à cause de ma persévérance et de mon dévouement, et non pas parce que j'avais un talent naturel. Je n'ai jamais eu de talent avec les chevaux, mais je les aime du fond du coeur, et j'ai toujours été engagée à apprendre tout ce que existe à leur sujet, et prête à y mettre les efforts et le temps afin de m'améliorer et à d'arriver à les comprendre. Je suis convaincue que Pat le savait et que c'est en partie pour cette raison qu'il m'a donné mon Niveau 3, en plus du fait que j'avais réussi l'évaluation, bien sûr!
Après avoir fait ma demande pour venir m'entraîner en tant que Professionnel Parelli, je me suis engagée à passer un an à l'Université Parelli, en pensant que d'ici la fin de mon année, j'en sortirais avec 3 Étoiles. C'était très ambitieux de ma part, et une peu trop direct, mais pas totalement impossible. Je n'avais pas prévu que la vie allait changer mes plans et que j'aurais à mettre ma jument Niveau 3 à la retraite immédiatement après mon premier stage, à la fin de 2003. En octobre 2004, j'étais de retour en Floride pour mon premier module d'Université avec un nouveau cheval. L'Université s'est avérée beaucoup plus ardue que l'école de 10 semaines, tellement plus ardue que bien des élèves n'ont jamais terminé ou ne sont pas revenus après le premier module. Nous travaillions de longues heures, jamais de congé, et nous étions constamment sous pression; on se faisait engueuler, on payait pour nos erreurs, nous avions souvent l'impression d'être abandonnés et nous avions souvent peur. Nous étions tellement fatigués que nous avions du mal à nous tenir debout. J'étais alors beaucoup plus corpulente, et malgré que j'étais quand même en forme pour ma taille, le surpoids me fatiguait. Nous passions beaucoup de temps avec Pat, nous l'observions qui travaillait avec toutes sortes de chevaux, il nous donnait des cours et nous apprenions beaucoup, ce qui compensait pour les difficultés et les frustrations, et une fois que nous avons commencé à travailler en équipe et à solidifier nos relations, la charge de travail semblait moins lourde et nous arrivions à avoir du plaisir malgré tout.
Quatre module Uni de 10 semaines plus tard, à la fin de 2006, j'étais toujours 1 Étoile! J'avais débourré des poulains, monté des dizaines de chevaux de tous les âges et de tous les niveaux, y compris la mule Kokomo, rassemblé les chevaux à cheval tous les matins à 6:00 dans les montagnes du Colorado durant 20 semaines, parcouru des pistes de randonnée extrêmes à bord d'un cheval qui en était à sa troisième session avec cavalier, avait fait plusieurs chutes, m'était fait rentré dedans lors d'une partie de polocross et avait subi plusieurs blessures; j'avais survécu les hauts et les bas émotionnels au fur et à mesure du déroulement des évènements, passant de la joie la plus extrême à la déception la plus profonde, en passant par la colère et me refermant parfois complètement pour échapper à la pression constante de chaque jour. Je restais souvent éveillée la nuit à me demander si je réussirais à passer à travers le lendemain, à me demander si je devrais rentrer à la maison et à me demander si j'arriverais jamais à réussir. Certains de mes mentors n'y croyaient pas, ce qui ne m'aidait pas à me convaincre. De nombreuses personnes de mon entourage m'encourageaient à laisser tomber car c'était tellement dur et qu'ils n'y voyaient aucun résultat tangible. Mais malgré tout cela, je croyais que le coeur que j'y mettais et que la chance seraient de mon côté, et que la préparation rencontrerait éventuellement l'occasion, et je continuais à essayer. Je trouvais les moyens de réunir l'argent et les ressources pour pouvoir continuer et revenir pour m'entraîner, et tous les ans, je faisais le voyage au ranch Parelli pour en apprendre plus et en espérant avancer en tant qu'instructeur.
En 2007, il est devenu évident que je devais nettement améliorer mes capacités physiques, j'ai donc résolu cette année là à perdre du poids et à me mettre en forme, et j'ai gagné ma bataille. J'ai aussi développé un nouveau cheval Niveau 3. Grâce à cela, j'ai quitté la Floride en mars avec ma deuxième étoile, suite à deux semaines de débourrage de poulains et 6 semaines d'Université.
Je n'avais déjà plus d'argent, j'avais vendu ma maison et je n'avais pas d'endroit où vivre, je possédais 3 chevaux, un camion et une petite remorque, et je vivais dans le sous-sol de ma mère en attandant de trouver un autre moyen de retourner au ranch et de bâtir ma clientèle; car pour la première fois, j'avais le droit d'enseigner des stages et d'être rémunérée (les instructeurs 1 Étoile devaient alors travailler gratuitement). J'ai eu plusieurs jobs à temps partiel pour payer les factures, j'ai fait du télémarketing et j'ai travaillé dans une pharmacie. Les possessions que je transportais entraient dans 5 boîtes de plastique.
Lorsque Pat a annoncé le Mastery Program en 2009, je me suis engagée pour 3 mois en 2010. C'était très difficile, car je n'avais plus d'argent et que je commençais sérieusement à douter de mes choix et de l'engagement de Parelli envers mon succès. Pat avait une nouvelle vision qui voulait produire un grand nombre d'instructeurs 1 et 2 étoiles rapidement, ce qui voulait dire que le niveau d'entraînement allait être sérieusement raccourci et beaucoup moindre que par le passé. On pouvait maintenant obtenir 2 étoiles avec seulement deux semaines de cours en classe, ou 3 mois en tant qu'externe! Il n'était même plus nécessaire d'avoir terminé le Niveau 3 (le nouveau)! Cela a évidemment mis beaucoup de pression sur les instructeurs provenant de l'ancien système qui se voyaient obligés d'avancer, car nous ne pouvions plus être comparés à la nouvelle génération d'instructeurs et que nous allions être beaucoup plus restreints dans notre enseignement à moins d'accéder au niveau suivant.
Faire confiance au processus, cela semble simple, mais c'est très difficile quand le processus s'étale sur 11 ans et se modifie constamment! Pour moi, je n'avais pas le choix - j'allais devoir y consacrer au moins 3 mois, and tout ce j'avais allait être investi dans ces 3 mois. J'allais devoir me concentrer et faire de mon mieux, et si cela ne fonctionnait pas, peut-être que la vie avait d'autres plans pour moi.
Ces dernières 12 semaines ont été parmi les plus dures à date. Pas à cause des heures ou du travail, j'avais déjà l'habitude ayant séjourné si souvent au ranch. Mais à cause de la pression de devoir de nouveau performer devant Pat et d'opérer à son écurie, un environnement très explosif, haut en adrénaline et totalement imprévisible. À ce niveau, nous sommes responsables de notre propre apprentissage, il n'y a pas de cours, mais si on réussit à observer, se souvenir et comparer, on peut apprendre ce dont on a besoin. Trouver le temps de le faire, voilà la difficulté, car les élèves de Pat doivent travailler très fort et accomplir les tâches journalières, qui incluent une gamme de travaux tel que nourrir et panser les chevaux, l'entretien des installations, l'administration, l'évaluation des auditions, les corvées d'écurie et le ramassage de roches et de branches dans les pâturages. Mes journées commençaient à 5:00, et à 7:30, mes chevaux étaient soignés, pansés, sellés et je les avais monté jusqu'à l'écurie de Pat afin de les avoir sous la main pour déplacer le bétail, travailler ma Finesse dans le manège de dressage avec Lauren, mener des chevaux en laisse ou tout autre activité qui pouvait avoir lieu cette journée là.
Au bout de 6 semaines, j'étais découragée et frustrée, et je me demandais si tout cela allait en valoir la peine. J'avais à peine le temps de monter sauf ma petite randonnée très tôt le matin, il y avait trop de travail! Quand je réussissais à passer du temps à cheval, Pat semblait toujours arriver quand les choses n'allaient pas au mieux, mais il était absent quand je réussissais de belles choses! Je voyais des gens de 20 ans qui étaient mes élèves l'an dernier qui étaient promus beaucoup plus rapidement que je ne l'avais jamais été et je me demandais si ce système était vraiment juste. Pendant des semaines, je n'ai reçu aucun commentaire, aucun renforcement positif et j'avais tout simplement que personne ne voyait mes efforts, mes succès et mes sacrifices. J'étais très découragée.
À la semaine 8, Pat se préparait à nous quitter pour le Colorado et j'ai pensé lui demander quelques minutes de son temps pour savoir ce qu'il pensait de mes progrès. Il m'a promptement référé à Lauren. Je me suis donc dit que mon sort était déjà réglé et je me suis libérée de toute la pression qui pesait sur mes épaules, en me disant que cela n'avait plus aucune importance et que Pat avait déjà pris sa décision. J'ai continué à essayer et à travailler fort, mais j'ai cessé d'attendre un résultat - j'essayais d'absorber le plus possible, et je me suis concentrée à développer mes chevaux vers un niveau supérieur.
À ce moment, Kalley était revenue au ranch et avait pris la tête de l'entraînement des chevaux, et elle était mon inspiration quotidienne. J'essayais d'observer tout ce qu'elle faisait, je lui posait mes questions et elle m'a aidé à comprendre encore mieux la nature du cheval. Je me suis enfin laissée aller, et cela m'a permis d'apprendre plus en 4 semaines quand durant les 3 années précédentes! La vie a parfois de drôle de façons de nous mener vers nos buts!
Quand Lauren m'a annoncé que Pat me donnait ma troisième étoile, je me suis retrouvée confuse. J'ai mis plusieurs jours à accepter que c'était arrivé, et à me remettre du fait que ça ne m'était pas venu directement de Pat. Pour une raison obscure, j'avais l'impression qu'on m'avait gâché ma grande fête, elle ne me semblait pas RÉELLE. J'attendais quelque chose de plus formel, des applaudissements, une reconnaissance concrète. Mais c'était juste une conversation banale tôt le matin dans le bureau et j'avais l'impression que mon rêve avait été diminué.
J'en suis revenue après quelques jours! Ma troisième étoile était ce qu'elle était, malgré la manière dont elle m'avait été livrée, et elle m'appartenait; c'était à moi de célébrer ce qu'elle valait et ce que j'avais réussi! À peine quelques semaines après m'être demandé si je reviendrais jamais chez Parelli, je me suis engagée à revenir en Novembre pour enseigner le cours Fast Track de 4 semaines - et me revoilà au sommet de la roue!
Mark Twain a écrit qu'il valait mieux ne pas recevoir les honneurs qui nous reviennent, que de recevoir des honneurs qui ne sont pas mérités. Mais c'est vraiment extraordinaire de recevoir ceux qu'on a gagnés!
Je serai de retour au Québec dans deux semaines, après quelques jours de repos ici en Floride, dont j'ai vraiment besoin avant le long voyage! Les stages commencent le 29 mai et j'ai hâte de continuer à vivre mon rêve et à aider les chevaux et les gens qui les aiment!
Geneviève
Instructeur Parelli 3 Étoiles et Mastery Student
Sous le soleil de la Floride
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